Eygalieres galerie de portraits

Jean Haldy

Toujours prêt à apporter son concours

Aux dernières élections municipales, Jean Haldy ne s’est pas représenté. Après 25 ans de mandat municipal, dont 19 comme adjoint au maire, il aspirait à retrouver un peu de liberté personnelle. Jeannot, comme tout le monde l’appelle dans le village, est un homme de fidélité, profondément attaché à son terroir, un homme modeste, disponible, engagé, et disons-le, aimé de ses concitoyens. Facteur de profession, affecté pour l’essentiel à Cavaillon, il n’a cessé en parallèle d’assumer des responsabilités collectives dans notre village, avec des casquettes diverses. D’abord au sein de l’Union sportive eygaliéroise (USE), le club de football du village, puis à la Municipalité. Des responsabilités souvent liées au sport, l’activité qui lui tient le plus à cœur, mais pas uniquement : quand on sollicite Jeannot, il est toujours là, actif, il ne ménage pas sa peine et n’hésite pas à mettre lui-même la main à la pâte.

C’est que Jean Haldy est l’incarnation du sérieux. S’il s’engage, il s’implique complètement : « quand je fais quelque chose, j’essaie de le faire à fond », dit-il. Peut-être doit-il ce sérieux à ses grands-parents paternels, nés suisses. Cependant, il équilibre ce sérieux par un solide sens de l’humour et par une forte capacité à ne pas se prendre lui-même au sérieux.

Comme pour beaucoup de jeunes, le sport a contribué très tôt à forger sa personnalité. De cinq à dix-sept ans, il habite avec sa famille à Châteaurenard ; c’est là qu’il commence à jouer au rugby ; il devient vite un pilier de l’équipe locale, au point que, lorsque sa famille déménage à Eygalières, lui-même retourne chaque week-end pour jouer avec son équipe. Mais cela ne dure qu’un an : à Eygalières, c’est le football qui domine. Jeannot s’y met donc à 19 ans et ne s’arrêtera qu’à 36 ans, âge où, dit-il, « on commence à tirer la langue ». Autour de lui on s’aperçoit vite que, s’il est un bon joueur, il a aussi d’autres capacités qu’il est prêt à mettre au service de l’Union et dans lesquelles il s’épanouit : au fil des années, il va occuper toutes les fonctions, de joueur à président, en passant par entraîneur, capitaine, traceur de terrain, voire balayeur. Le tout successivement et parfois simultanément. A partir de 1996, il n’occupe plus de fonctions mais ne se retire pas pour autant : il anime l’équipe des anciens, qui organise notamment la paella annuelle, et entraîne les plus jeunes.

C’est le lieu de dévoiler un petit secret – tout relatif – qui contribue aussi à expliquer son attachement à l’USE : alors qu’il a 17 ans et qu’il vient tout juste de s’installer à Eygalières avec sa famille, Jeannot participe pour la première fois au bal annuel de l’Union, qui se tient à l’époque dans l’arrière-salle du Bar du Progrès et il y fait danser Sylvie Perrot, sous le regard attentif de sa mère Francinette (voir son portrait dans cette Galerie), dont elle est la fille unique. Cinq ans plus tard, Sylvie deviendra sa femme puis la mère de ses trois enfants.

Jeannot, lui, est d’une famille nombreuse, comme l’était sa mère, Marthe, fille d’Auguste Chapelle, longtemps maire et conseiller général de Châteaurenard, où une avenue porte son nom. Le grand-père paternel, venu de Suisse, a travaillé chez Auguste Chapelle, expéditeur de profession. C’est ainsi que Marthe et Henri se sont connus. Henri Haldy, décédé en 1984, n’était pas un homme facile. Un homme très sociable cependant, ce qui l’a bien aidé dans son activité d’agent immobilier, qu’il exerce à Châteaurenard de 1955 à 1967. Mais il doit alors fermer son bureau pour cause de mauvaises affaires. Dans la foulée, il ouvre à Eygalières la première agence immobilière, traverse Monfort. Si le véritable boom n’arrivera que plus tard, son agence connaît un succès certain.

Jeannot n’est pas un crack en classe, il dit de lui-même : « je n’étais pas un bon garçon ». D’ailleurs, il est renvoyé de son lycée à Châteaurenard à cause de bagarres répétées. A Eygalières, il apprend la comptabilité par correspondance, dans l’idée de seconder son père. Et en effet, il travaille pour lui : anticipant sans le savoir sur sa vie future, il passe beaucoup de temps à la mairie, à relever des noms sur le cadastre, pour alimenter le travail de l’agence.

Mais à 19 ans, après une dispute avec son père, Jeannot décide de partir. Il passe le concours de facteur et est nommé à Paris. Ce n’est sans doute pas une période facile pour lui, à distance de son environnement familier. Pendant dix-huit mois, il distribue le courrier à Paris, puis part pour douze mois faire son service militaire. A peine revenu, il épouse Sylvie, qui le rejoint à Paris, et six mois plus tard, il est muté à Cavaillon, où ils habiteront pendant trois ans, avant de revenir à Eygalières. Ouf ! Installés quelque temps dans le centre, impasse Bouchet, ils transforment ensuite un ancien hangar à proximité du mas des grands-parents de Sylvie pour en faire leur maison familiale.

Pendant 33 ans, Jeannot est facteur à Cavaillon. Les vingt premières années, il fait sa tournée à pied. Il y faut une bonne résistance physique car chaque matin il emporte sur son épaule une sacoche de plus de vingt kilos. Plus tard, il utilisera le vélo, la mobylette, la voiture. Mais même avec un véhicule, le corps est fortement sollicité : la Poste a compté qu’il descendait de son véhicule 280 fois par jour : de quoi vous user le dos …

Tournant important pour lui, en 1995 il est sollicité pour entrer au Conseil municipal, sur la liste (unique) de Félix Pélissier. Il va ainsi pouvoir à nouveau mettre à l’œuvre son sens de l’intérêt collectif, mais aussi mesurer à quel point on l’apprécie dans le village. C’est l’époque – révolue après l’élection de 2008 - où, dans les communes de la dimension d’Eygalières, les électeurs ont le droit de faire part de leurs préférences au sein d’une même liste. En 1995, Jeannot est en deuxième position pour le nombre de voix obtenues. En 2001 et 2008, il est en première position. Il ne s’en vante pas, il n’ambitionne pas de carrière politique mais veut pouvoir servir comme il sait et aime le faire. D’abord comme simple conseiller, puis dès 2001, comme adjoint aux côtés de Félix Pélissier puis de René Fontès, pendant trois mandatures. Adjoint aux associations, aux sports. Il ajoute, plaisamment « adjoint aux apéros », car le « verre de l’amitié » est souvent de rigueur à l’occasion de tel ou tel événement, et c’est lui qui se charge de l’organiser. Mais Jeannot est surtout fier de deux chantiers qui l’ont particulièrement marqué. Tout d’abord la numérotation des rues du village, commencée avec Raymond Divol en 2013 et achevée il y a peu. Jusqu’alors, les adresses dans le village ne comportaient que le nom de la rue ; ce système certes sympathique était devenu obsolète avec la multiplication des livraisons dans les résidences principales et secondaires, et même dangereux car inutilisable par les services de secours, ambulances et pompiers. Comme d’autres communes, Eygalières a choisi une numérotation en distances par rapport à un point central, en l’occurrence la mairie. C’est un chantier énorme mais essentiel, dont l’utilité est aujourd’hui largement saluée. Second chantier : la construction de la Salle des sports. Jeannot plaidait pour faire construire un gymnase à côté du terrain de football, longtemps en vain. Puis René Fontès a compris l’utilité d’un véritable équipement, destiné à inciter les jeunes à rester au village. Et cette très belle salle multifonctions a été construite en à peine un an, suivie entre autres par Jean Haldy, et inaugurée quelques jours seulement avant le brusque décès de René Fontès.

A présent, Jean Haldy dispose de plus de temps à consacrer à sa famille, son épouse Sylvie, ses trois enfants François, Claire et Bastien, et ses six petits-enfants. Ce qui n’empêche pas cet homme modeste, travailleur et disponible, ouvert à l’écoute des autres, de continuer à jouir de l’affection que lui portent ses concitoyens, une affection bien perceptible lorsqu’on se promène à ses côtés dans le village.

29 août 2020