Eygalieres galerie de portraits

Benjamin Moricelly

Hyperactif et amoureux de la vie

Prenez la route de la Gare. Avant d’y arriver, sur la gauche, voici le domaine de Benjamin Moricelly : un refuge animalier, mais surtout une pépinière et le siège de « Provence Jardin », cette entreprise du paysage qu’il a bâtie en moins de quinze ans et qui figure aujourd’hui parmi les premiers employeurs d’Eygalières. Benjamin s’est également investi dans des responsabilités collectives, présidant pendant trois ans la Banaste, l’association des commerçants, avant d’intégrer il y a quatre ans le Conseil municipal, où il est premier adjoint depuis quelques mois. Et voilà qu’avec deux amis, il vient de reprendre le Café de la place, lieu emblématique du village que ses fondateurs avaient mis en vente. Cet homme qui déborde d’énergie est aussi plein de curiosité, amoureux de la vie et amateur de beaux et lointains voyages à l’étranger.

Avec un père aux ascendances italiennes et espagnoles, une mère née au Maroc, Benjamin incarne une diversité d’origines fréquente en Provence. Dans le passé, des Moricelly ont vécu à Avignon, à l’Isle-sur-la-Sorgue, à Cavaillon où est né son père. Mais si l’on remonte plus loin dans le temps, on découvre une belle légende familiale, bien entendu impossible à confirmer ou infirmer : les Moricelli seraient arrivés d’Italie à l’époque des papes d’Avignon, donc au XIVe ou au XVe siècle.

L’aventure professionnelle de Benjamin débute à 19 ans, lorsqu’il entre en apprentissage chez son père à Aureille, où il a vécu toute sa jeunesse. Gilbert Moricelly a créé dans ce village une entreprise de jardins qu’il cède à son fils lorsqu’il prend sa retraite, en 2011. Cette entreprise est plutôt modeste, avec deux employés, un seul camion et quelques clients. Mais au cours de sa période d’apprentissage, Benjamin a eu le temps de réfléchir à l’avenir et d’imaginer les possibilités de développement. Sa réflexion va être enrichie par sa rencontre avec Hélène Montuoro, native d’Eyguières, qui ne manque pas d’idées elle non plus et que Benjamin épouse en 2012. Son projet devient alors leur projet, qu’ils vont mettre en œuvre ensemble. Il s’agit d’associer une pépinière à l’activité de jardin, ce qui permettra aux clients de choisir sur place les plantes de leur futur jardin. C’est Hélène qui va piloter la pépinière, tandis que Benjamin va se concentrer sur le jardin. Mais leur projet nécessite de l’espace, et c’est à Eygalières qu’ils vont en trouver. En effet, déjà de son temps, Gilbert avait des clients dans le village, où la demande potentielle semblait plus importante qu’à Aureille. En 2013, Benjamin devient propriétaire de son terrain, où est fixé le siège de « Provence Jardin ». L’activité commence progressivement, puis va se développer rapidement. Apparaissent successivement sur le terrain une petite cabane – ancienne remise à foin -, puis un « Algeco ». Un an plus tard, c’est un hangar, trois ans plus tard, les serres, et pour finir, la maison de Benjamin et Hélène qui sortent de terre.

Benjamin se définit comme un « entrepreneur du paysage ». Son domaine d’intervention est beaucoup plus large que celui du paysagiste, qui est un architecte du jardin. Provence Jardin sait concevoir des jardins, mais aussi les réaliser, les entretenir, les restructurer. Cela implique de maîtriser des problématiques et des techniques différentes et complémentaires : les plantes bien sûr, mais aussi les sols, la pierre, le bois, les moyens d’exécution, la maçonnerie paysagère, les travaux de terrassement, le génie civil, l’arrosage, sans oublier la connaissance des contraintes réglementaires. Et aujourd’hui s’y ajoute le recyclage.

Ses compétences, son dynamisme, son sens commercial, valent à Benjamin une clientèle large même si elle est très concentrée sur son environnement proche, logistique oblige. L’entreprise travaille essentiellement dans les Alpilles, un peu dans le Luberon, et jusqu’au pays d’Aix. Mais la réputation de Provence Jardin va bien au-delà puisqu’il lui arrive de réaliser des jardins conçus par des paysagistes du monde entier. Jusqu’en 2021, Provence Jardin connaît une croissance très rapide : son offre semble bien correspondre aux besoins d’une demande qui a elle-même quasiment explosé au cours des dernières années. Benjamin s’est attaché, avec succès, à assurer la stabilité de ses équipes, gage de qualité et d’efficacité, tout en embauchant régulièrement pour accompagner la croissance de l’entreprise. Avec une cinquantaine de salariés, celle-ci est aujourd’hui le deuxième ou le troisième employeur d’Eygalières. Il y a trois ans, Benjamin a infléchi sa politique : il s’est recentré sur les clients privés et a décidé de stabiliser l’entreprise au niveau où elle se trouvait, afin d’écarter le risque de ne plus pouvoir la gérer ou d’en perdre le contrôle.

N'oublions pas d’évoquer les animaux : à côté de la pépinière, on découvre un refuge animalier : dans deux enclos cohabitent ânes, moutons, chèvres, canards, oies, cygnes, … A ces animaux déjà âgés, Hélène aime offrir une « deuxième vie » toute en douceur. Certains viennent de la SPA, d’autres lui ont été confiés par des propriétaires incapables de les garder mais séduits par cette vision des choses. Cela représente du travail, dit Benjamin, un coût certain aussi, mais beaucoup de plaisir pour son épouse. Lui-même a ses trois chiens – avec lesquels il ne chasse pas : il n’en aurait vraiment pas le temps.

En effet, diriger son entreprise n’empêche pas Benjamin d’éprouver le besoin de s’investir dans des activités d’intérêt collectif. Déjà, adolescent à Aureille, il avait rejoint le Conseil municipal des jeunes institué par le maire de l’époque, et en était resté membre pendant trois ans. Arrivé à Eygalières, il s’est investi dans la Banaste, l’association des commerçants, dont il a été président pendant trois ans, jusqu’en 2020. Lors de discussions avec René Fontès, le maire de l’époque, sa participation au Conseil municipal avait été évoquée. Ce n’est qu’après le décès de ce dernier que Benjamin franchit le pas et est élu conseiller aux élections intermédiaires de 2020. Un an plus tard, il devient adjoint en charge des travaux, de la voirie, de l’urbanisme, aux côtés d’Aline Pélissier. Sa capacité de travail et son engagement conduisent celle-ci, il y a quelques mois, à lui proposer d’être son premier adjoint.

Voici quelques mois également, le Café de la Place, lieu emblématique du village depuis sa création il y a quinze ans, a été mis en vente par ses propriétaires. Avec deux amis, Benjamin a décidé de le reprendre en lui conservant sa philosophie initiale, celle d’un lieu accueillant pour tous sans distinction, ouvert tous les jours.

Quelle énergie ! Pour mener de front toutes ces activités, Benjamin allie une capacité de travail peu commune à un esprit vif et à une bonne intelligence des situations. De son propre aveu, il se lève tôt, il est au bureau dès 5 heures du matin. Mais son succès est aussi affaire d’organisation dans son entreprise. Confiant dans les équipes qu’il a formées et qu’il a fait progresser, Benjamin sait pouvoir déléguer. Cependant, ce tempérament hyperactif ne se consacre pas qu’à son travail, il n’oublie pas de se ressourcer en prenant du temps pour lui. Curieux du monde, il aime la vie, il a des amis qu’il se plaît à voir régulièrement, il aime « les bonnes choses ». Et il adore partir loin en voyage avec Hélène. D’ailleurs, c’est au bout du monde, à Bora Bora, qu’ils ont fait leur voyage de noces. Depuis lors, ils s’efforcent d’organiser chaque année un beau voyage : la Tanzanie et ses parcs de vie sauvage, où ils sont allés plusieurs fois ; Rio de Janeiro, Miami, Abou Dhabi, Dubai, Anguilla dans les Antilles, par exemple. Mais s’il part loin, il revient vite car ses différentes activités ne lui permettraient pas de longues absences.

A 34 ans, Benjamin a encore « toute la vie devant lui », et cependant on ne peut qu’être admiratif du parcours qu’il a accompli en si peu de temps. Nul doute que sa curiosité, son désir d’agir, son goût pour l’intérêt collectif vont continuer à le stimuler.

1er mars 2024