Eygalieres galerie de portraits

Géraldine Pierronne

Artiste imaginative

Géraldine Pierronne s’est installée au cœur de notre village il y a bientôt trois ans, séduite par le site et par la lumière d’Egyalières. Ce qui frappe d’emblée, dans son atelier d’artiste, c’est la couleur et la diversité des objets : artiste plasticienne, Géraldine maîtrise depuis longtemps toutes sortes de techniques, qu’elle pratique à tour de rôle ou simultanément : peinture, sculpture sous leurs diverses formes. Elle est aujourd’hui peintre en décors et s’est spécialisée en particulier dans la réalisation de trompe-l’œil. Mais c’est du dessin qu’elle est partie, le dessin auquel, selon ses parents, elle se serait adonnée quasiment dès le berceau. Précise, minutieuse, perfectionniste, elle est également créative, toujours en recherche d’idées nouvelles. Tout au long de son parcours, encore en plein développement, elle s’est efforcée de mettre en œuvre ces qualités pour en faire sa vie. Elle y est parvenue car elle sait ce qu’elle veut, plus encore ce dont elle ne veut pas, et sait décider en conséquence.

Décider, cela a commencé tôt : Géraldine, encore adolescente, a le désir profond de s’exprimer par la création et une forte attirance pour tous les arts plastiques. Ses parents l’y encouragent et elle suit donc un cursus d’arts plastiques au Lycée Paul Verlaine à Rethel, petite ville à 40 km de Reims, d’où est originaire sa famille. Son père est boulanger-pâtissier et sa mère travaille à ses côtés. Celle-ci, au plus profond d’elle-même, aurait souhaité travailler dans un domaine en rapport avec l’esthétique, peut-être la mode, mais la vie en a décidé autrement. Elle raconte avoir consulté un horoscope au jour de la naissance de Géraldine, lequel affirmait que le bébé à naître serait attiré par les arts ou par la religion… Quant à son père, Géraldine affirme que, dans son métier de pâtissier, il a toujours été très créatif, « il a fait des choses extraordinaires en chocolaterie ». En tout cas, Géraldine prend la décision d’orienter sa vie vers tout ce qui relève de l’esthétique, ce qu’elle n’a jamais regretté. Tout au long des années, que son activité professionnelle aille dans ce sens ou pas, elle a poursuivi son chemin créatif personnel, enrichissant son expérience au gré des opportunités, suivant aussi de nouvelles formations quand cela lui paraissait nécessaire.

Une autre décision radicale a marqué sa vie, quinze ans après le début de sa vie professionnelle : celle de quitter Paris, où elle avait vécu dès le bac obtenu mais qu’elle ne supportait plus, pour s’installer en Provence, plus précisément à Ventabren, près d’Aix-en-Provence, où une ancienne collègue l’avait invitée impromptu à venir passer une semaine de vacances. Ce court séjour est une sorte de révélation. Soudainement, elle est tentée de s’installer là. Une maison est justement à louer, pour le même loyer que son studio parisien. Une semaine plus tard, elle revient pour la visiter ; un mois plus tard, elle a déménagé. Décision vite prise, vite exécutée.

Mais revenons à son parcours. Après Rethel, elle part faire ses études à Paris, dans une école de stylisme de mode à Montparnasse, l’Atelier Fleuri-Delaporte. Depuis longtemps attirée par la silhouette, par le vêtement, admirative d’Yves Saint-Laurent, elle se réjouit à l’avance de cette première incursion concrète dans le monde de l’esthétique. Diplôme en poche, pendant cinq ans elle va ensuite occuper plusieurs emplois dans différentes maisons du Sentier. Pour elle, ces années représentent une expérience ambivalente. D’un côté, elle est enthousiasmée par son travail, par la découverte de ce qu’est la création de vêtements. D’un autre, elle est profondément rebutée par ce monde « à des années lumières [d’elle] en termes de relations humaines » : goût de l’apparat, ambition à tout prix, fausseté des rapports entre les gens. Les choses sont vite claires pour elle. La création, c’est ce qu’elle veut. Le milieu professionnel de la mode, elle n’en veut pas. Cependant, ses deux dernières années sont les plus exaltantes. Elle est assistante d’Emmanuelle Khanh, une styliste qui a créé sa propre marque après avoir travaillé pour d’autres. Au plus près de la créatrice, elle est aux premières loges pour observer son travail. Mais l’expérience se termine mal car, face à des difficultés financières, la créatrice a dû vendre sa marque, et ses collaboratrices – dont Géraldine - sont licenciées l’une après l’autre.

Puis le hasard des circonstances fait qu’elle est embauchée pour un intérim chez Auchan, dans un service « décoration ». Elle enchaîne avec le BHV, où elle va rester sept ans. Elle est « étalagiste » : son travail consiste à mettre en valeur dans les vitrines ou les corners les produits de décoration que le BHV vend aux professionnels du commerce pour leurs propres vitrines. C’est une activité qui comporte une bonne dose de créativité, elle y prend plaisir. Mais sa marge de manœuvre va se réduire progressivement, au gré de la valse des dirigeants du magasin, chacun arrivant avec sa vision, laquelle se traduit toujours par une centralisation de plus en plus poussée, à l’issue de laquelle Géraldine « s’ennuie à mourir ». Elle ne veut pas de cela et prend donc la décision de partir. Elle a 35 ans.

Elle est partie, mais il faut bien vivre. Déjà plusieurs années plus tôt, joignant sa fibre environnementale à sa fibre créatrice, elle s’était mise à confectionner de petites figurines en papier mâché, de manière à donner une seconde vie au papier. Elle en avait fait progressivement un véritable univers. Quittant le BHV, elle commence donc à les vendre, exposant dans des salons voire chez une chorégraphe. Mais si ces créations ont du succès, l’activité s’avère peu rentable vu le nombre d’heures nécessaires pour les confectionner. Perfectionniste en effet, Géraldine n’utilise que de la peinture et des vernis bio et consacre presque une journée à confectionner une figurine.

C’est alors que Géraldine prend cette décision radicale de quitter Paris et que commence sa deuxième vie, sa vie provençale. Encore faut-il qu’elle trouve sa place. Pendant deux ans, elle pratique des « boulots alimentaires » : dans des écoles, dans une usine et même à la chocolaterie de Puyricard (un petit clin d’œil à son enfance). Puis elle recommence à se former, d’abord comme céramiste. Ayant fait des travaux dans sa maison, elle a l’idée du trompe-l’œil, pour lequel elle trouve aussi une formation. Elle y ajoute une spécialisation en décor du Patrimoine, qui la conduit à travailler, avec d’autres, sur un gros chantier de remise en état d’une villa palladienne dans la Marne. En parallèle, elle peint des motifs sur des sculptures réalisées par un autre artiste.

Et c’est en 2014, il y a huit ans, qu’elle devient pour de bon peintre en décors. Ainsi, elle peint sur des murs, des portes, des meubles, chez des particuliers, dans des restaurants… Entretemps, elle a quitté Ventabren pour s’installer à Bouc-Bel-Air, puis à Saint-Etienne-du-Grès, avant de découvrir Eygalières, qui l’a séduite et où elle vit maintenant. Dans son nouveau métier, elle a connu un bon départ, mais la pandémie puis la guerre en Ukraine ont raréfié la demande. Toutefois, jamais en peine d’une nouvelle idée, Géraldine a inventé de peindre sur des baskets des motifs originaux qu’elle crée à la demande, selon son imagination ou en fonction des désirs qu’exprime le propriétaire des chaussures – ou bien encore sur toutes sortes de vêtements.

Le site de Géraldine (www.geraldinepierronne.fr), que je vous invite à consulter, donne une bonne idée de la palette de ses savoir-faire, de la qualité et de la précision de son travail. C’est là-dessus qu’elle s’appuie pour poursuivre son chemin d’artiste créative, imaginative, une richesse supplémentaire pour la vie artistique de notre village.

9 mars 2023