Eygalieres galerie de portraits

David Pellegrin

La passion de transmettre sa culture et ses valeurs

Entreprenant et généreux, curieux de tout, débordant d’activité, David Pellegrin est homme de multiples passions : le football, son entreprise, sa famille, pour ne mentionner que les plus importantes. Le football, il s’y adonne depuis plus de quarante ans. KP2, son entreprise de construction et de rénovation qu’il a créée il y a quinze ans, il l’a remarquablement développée. Et sa famille, ses tout jeunes jumeaux, sont au cœur de sa vie. Ces passions s’inscrivent dans la perception aiguë qu’il appartient à une communauté de vie, à un biotope, avec lequel il interagit en permanence. En effet, cet homme qu’on pourrait percevoir comme exclusivement tourné vers l’action fonde celle-ci sur une réflexion, alimentée par tout ce qu’il a recueilli de ses aînés, et qu’il s’efforce lui-même de transmettre à son tour.

David a une conscience forte de son identité géographique et culturelle, de ses racines. Enfant unique d’un couple tôt dissocié, Eygaliérois de troisième génération, il est issu de familles alpines d’agriculteurs, des familles nombreuses. Dans celles-ci, seul l’aîné restait sur place, les autres devant émigrer pour trouver à s’employer, comme l’ont fait ses grands-parents. Ainsi, les Pellegrin viennent-ils de Freissinières, dans les Hautes-Alpes, et les Beaume, du côté maternel, du Dévoluy. Pour une large part, ce sont justement ses grands-parents qui l’ont élevé. Ils lui ont transmis leur culture, leurs valeurs, leur estime du travail et de la réussite, et ont généré chez lui un profond respect pour les « anciens ». En dehors de la famille, d’autres anciens ont compté aussi : ceux du village, Joseph l’ancien facteur, Kiki le cantonnier, le vieux Basso, Loupoufé et tant d’autres. Lorsqu’il avait 14-15 ans, après le déjeuner chez ses grands-parents, David montait sur sa mobylette pour aller au Café du Progrès jouer à la belote avec tous ces « vieux » qui aimaient à raconter, à partager avec les plus jeunes. Au chapitre de la transmission entre générations, il ne faudrait pas oublier le père de David, Daniel Pellegrin (vous voyez l’affiche derrière lui, sur sa photo ?), un raseteur réputé pendant des décennies (à propos de cette activité, voir le portrait de Christian Villard dans cette Galerie), combinant au plus haut degré habileté physique, rapidité de mouvement et anticipation des réactions du taureau. Ce monde taurin qui était celui de son père, David se l’est approprié : même s’il n’a jamais été raseteur, il est aujourd’hui parrain de Joachim Cadenas, l’une des figures en vue de ce sport. Pour autant, David n'oublie pas sa mère, Ketty, qui n'a jamais quitté son village depuis les bancs de l'école et qui s'est investie plus de vingt ans auprès des personnes âgées avec l'ADMR. Ni sa grand-mère maternelle, "Mamé Maria", qui livrait du lait aux Eygaliérois durant la guerre.

Pour David, le sport roi , c’est le football, qui parcourt toute sa vie comme une colonne vertébrale. Déjà tout petiot – il a commencé dès six ou sept ans -, il y joue à bon niveau. A dix ans, il intègre une équipe à Avignon. Plus tard, des clubs professionnels lui proposent de les rejoindre. David ne donne pas suite, et c’est peut-être le seul regret qu’il ait aujourd’hui. Alors, pourquoi s’est-il dérobé ? Sans doute à cause d’une profonde réticence à quitter l’environnement auquel il se sentait appartenir, le Mas du Casse familial, ses racines auxquelles il était et reste viscéralement attaché. Alors, il continue à jouer en amateur dans sa Provence, à l’AS de Saint-Rémy-de-Provence, à Orgon, à Eygalières. Lorsqu’il doit partir au service militaire, son entourage s’efforce de le faire affecter dans la région pour qu’il puisse toujours y jouer. Mais la chance n’est pas avec lui, la manœuvre échoue et David se retrouve au prestigieux 1er Régiment de Chasseurs parachutistes à Bordeaux. Pour lui, le « petit » d’Eygalières, impressionné par ces paras et certainement bizuté, le choc est rude, tout particulièrement la période des classes, mais à force de volonté et grâce à son excellente forme physique, il surmonte l’épreuve, qu’il considère aujourd’hui comme une étape structurante de la formation de sa personnalité.

Depuis cette époque, le football est toujours demeuré une composante importante de sa vie. Généreux, il donne de son temps à l’Union Sportive Eygaliéroise (USE), le club du village. Il y joue jusqu’à 38 ans, âge auquel il « raccroche les crampons ». Il est entraîneur, puis dirigeant. A la naissance de Mia et Nolan, ses deux jumeaux, il prend un peu de recul. Mais lorsqu’en 2020 Michel Uffren (voir son portrait dans cette Galerie) exprime le souhait de quitter ses fonctions de président de l’USE, David accepte de lui succéder, car il est conscient du risque que le club disparaisse purement et simplement. Malgré le lourd impact de la crise sanitaire, avec le concours de plusieurs bénévoles, il parvient alors à recréer deux équipes séniors de garçons et à maintenir l’équipe féminine. Ce n’est pas sa seule générosité instinctive qui pousse ce chef d’entreprise à prendre ce lourd engagement, mais c’est aussi un regard politique qu’il porte sur cette activité et la responsabilité qu’il se sent à l’égard de son village. Pour lui, comme pour le défunt maire René Fontès, un village comme Eygalières se doit d’offrir aux jeunes un cadre d’activité et de motivation, encore plus nécessaire dans le monde d’aujourd’hui. Le sport – tel qu’il est pratiqué ici - est en effet caractérisé par le respect de l’autre, le dépassement de soi, le travail, l’humilité, en même temps qu’il crée des moments de joie.

Cette dévotion pour le football ne doit pas faire oublier que David est aussi le dirigeant d’une entreprise performante. La première partie de sa carrière professionnelle se passe dans des emplois liés à sa famille : une boulangerie familiale à Saint-Rémy-de-Provence ; chez son parrain dans une entreprise de maçonnerie, toujours à Saint-Rémy ; enfin avec son père, propriétaire d’une grosse entreprise de cuisines et de meubles. Puis, très jeune encore, il est embauché chez « Point P », filiale du groupe Saint-Gobain, grande entreprise de distribution de produits et matériaux liés au bâtiment. Là, pendant une dizaine d’années, il parfait ses connaissances en matière de construction. Et un jour, il a l’opportunité d’acheter un terrain à Plan-d’Orgon. La fibre entrepreneuriale le titille déjà car il saute sur l’occasion et devient promoteur : avec quelques personnes de sa connaissance, il construit sur ce terrain quatre maisons, qu’il vend ensuite rapidement. Il a conscience cependant d’avoir été favorisé par la conjoncture immobilière et réalise que le métier de promoteur n’est pas pour lui. En revanche, il se passionne pour la construction et décide de créer son entreprise fin 2006. Il a 33 ans, il a trouvé sa voie. KP2 : pourquoi cette appellation à consonnance exotique ? A l’école, son surnom était « Petit Pélo » (fils de « Pélo », son père) ; celui de son épouse Anicée Uffren était « Kéké », et ils sont deux - leurs jumeaux naîtront dix ans plus tard -, d’où « KP2 ». Partie de rien, spécialisée dans la construction et la rénovation, KP2 construit d’abord un portail, puis un garage, puis une maison. De fil en aiguille, elle rencontre le succès et grandit, grâce au travail et à la compétence de David, grâce aussi au réseau de connaissances qu’il a tissé autour de lui dans sa vie sportive. Aujourd’hui, quinze ans plus tard, elle est installée sur la Zone d’activité des Grandes Terres, emploie une vingtaine de personnes, sans compter toutes celles qui travaillent indirectement pour ses chantiers, et réalise un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros. C’est un beau succès ! Mais, les pieds sur terre, David veille à ne pas la développer trop vite afin d’en conserver la maîtrise. Parallèlement, dans la vie quotidienne, il s’attache à transmettre à ses collaborateurs les valeurs qui sont les siennes.

Ces activités multiples ne suffisent pas au bonheur de David : il veut pouvoir se livrer à d’autres passions, comme celle de la chasse, qu’il a héritée de ses grands-pères et qu’il pratique aujourd’hui sous la forme de chasse au lièvre courant, dans la montagne. C’est pour lui la seule activité qui permette de se vider complètement l’esprit de toutes préoccupations. Par ailleurs, il est aussi copropriétaire du Bar Soler à Aureille et s’implique dans la gestion de cet établissement, véritable institution de ce village du versant Sud des Alpilles.

A l’approche de la cinquantaine, fier de sa famille, fier de son village, fier de son entreprise tout en restant humble et modeste, aimant le contact humain, parfois aussi tout d’une pièce, David Pellegrin est devenu une personnalité d’Eygalières, qui contribue à sa manière à l’identité du village lui-même.

13 novembre 2021