Eygalieres galerie de portraits

Cathy Albinet

Porteuse de la Flamme olympique

Le 12 mai 2024, en route vers Paris, la Flamme olympique est passée par Eygalières. Ce jour-là, à sa grande fierté, Cathy Albinet l’a portée sur une courte distance. Pour elle, dont la vie a été largement consacrée à l’enseignement du sport, c’était comme un aboutissement, à la fois naturel et inattendu, les circonstances se cumulant pour conduire à cet événement heureux. Il n’était pas dit, en effet, que la Flamme olympique passerait par Eygalières. Il n’était pas dit que Cathy, qui a vécu ses toutes jeunes années dans notre village, reviendrait y vivre durablement.

Le sport et Eygalières, rassemblés dans cet événement, constituent les deux points d’accroche dans la vie de cette femme énergique et ouverte sur les autres, qui lui ont donné une trajectoire presque rectiligne au-delà des aléas. Deux points d’accroche qu’elle doit, l’un et l’autre, à ses parents, Max et Marcelle Albinet. Lesquels, toujours en bonne forme en dépit de l’âge, habitent à Plan d’Orgon, tout près de leur fille unique.

Max Albinet, en effet, est depuis toujours féru de sport. Alors que Cathy est encore toute jeune, il l’emmène courir avec lui ; elle prend goût à cette activité et se découvre des talents athlétiques. Elle adhère au club d’athlétisme que son père a fondé à Plan d’Orgon et participe à de premières petites compétitions : « en m’entraînant très peu, j’avais de très bons résultats », dit-elle. Dès lors, tout s’enchaine comme naturellement : le collège puis le lycée à Cavaillon, avant qu’elle soit admise dans une classe de « sport-études » à Aix-les-Bains pour les deux dernières années du secondaire. Tout cela la conduit à devenir professeur d’éducation physique et sportive (EPS) : elle s’y prépare à Grenoble puis passe le CAPES. A 23 ans, la voici prof certifiée d’EPS.

C’est le début d’une carrière de quarante ans, en quatre étapes. Une carrière marquée par un fort engagement personnel, alimenté par l’amour de son métier et par le caractère positif de Cathy : tout au long des années, elle s’implique beaucoup, au-delà de ce qui est attendu d’elle, sans jamais mesurer ni son temps ni ses efforts. La première de ces quatre étapes est peut-être la plus difficile : comme tous les jeunes enseignants, Cathy doit « faire ses classes », si l’on peut dire. Elle est affectée à Chennevières-sur-Marne, dans la banlieue Est de Paris, au sein d’un Lycée d’enseignement général et professionnel. Le premier défi est celui de l’autorité, qu’elle doit établir sur des élèves qui ont à peine quelques années de moins qu’elle. En outre, l’équipement du lycée est très pauvre, il faut s’en accommoder, ce qu’elle fait sans rechigner. « J’ai fait des erreurs », dit-elle, mais au bout du compte, elle apprend beaucoup de cette expérience, qui s’avère intéressante et formatrice. Entretemps, Cathy a retrouvé Marc Bachini, un ami d’enfance, qui travaille dans la logistique. Elle va l’épouser ; il sera le père de ses deux enfants, Franck et Amandine. Enceinte, Cathy formule une demande de mutation pour se rapprocher de son mari. Elle obtient le statut de « titulaire académique » : affectée dans le département, elle enchaînera les remplacements au cours de cette deuxième étape, qui dure cinq ans.

Les deux autres étapes sont d’une nature très différente : ce sont des postes fixes, où elle va rester respectivement treize et dix-sept ans. Elle commence par le collège d’Orgon, « pas un collège facile ». Cependant, Cathy en conserve un souvenir presque émerveillé : « j’ai vécu des expériences incroyables ». Une dynamique collective prend corps, marquée par la solidarité, l’imagination et l’engagement de professeurs qui ne mesurent pas leur temps. Ainsi, ils créent un réseau pour les élèves en difficulté, qui implique, outre le collège, la gendarmerie et les services sociaux et judiciaires. Une année, ils montent un grand « jeu de rôles » médiéval, préparé pendant toute l’année par un prof animant un atelier. Toutefois, au bout de treize ans, alors que la dynamique s’est essoufflée, Cathy aspire à un changement.

Quatrième et dernière étape, en 2004, à 45 ans, elle est mutée au lycée de Cavaillon. Ce sont également des années intéressantes pour elle, avec une « super équipe », dans un climat plus serein qu’à Orgon. Mais les années passent ; la pandémie, lourde à gérer pour les enseignants, est une vraie rupture. Le métier de Cathy, qu’elle a toujours adoré, est de plus en plus réglementé, cadré, normé ; elle ne s’y retrouve plus. Elle a besoin de prendre du temps pour vivre sa vie, d’autant que ses deux enfants se sont établis loin d’elle : Franck, qui travaille dans la logistique comme son père, habite Denver, dans le Colorado ; Amandine, psychologue dans un hôpital, est à la Réunion. Chacun lui a « offert » un petit-enfant, Alessio et Isaia. Alors, à 62 ans, même s’il lui manque des trimestres, Cathy prend sa retraite.

Et cette retraite, elle la prend à Eygalières, tout naturellement. Eygalières a été son point de repère tout au long de sa vie. C’est là qu’elle a vécu de 3 à 7 ans, avec ses parents affectés - hasard des nominations – à l’école communale du village, en 1962. Pour eux, ce ne sera pas une expérience très heureuse et ils n’y resteront que quelques années, avant d’être nommés à Plan d’Orgon. Mais Cathy demeurera toute sa vie une Eygaliéroise de cœur. En dehors de ses années de formation dans les Alpes puis d’enseignement en région parisienne, elle ne s’est jamais éloignée du village, où elle a souvent vécu, dans plusieurs maisons différentes. Avec son mari, ils habitent un temps dans celle que les grands-parents de Cathy y avaient fait construire à l’époque où leur fille était encore institutrice à Eygalières. Plus tard, après avoir vécu quelque temps à Orgon, plus près du collège où enseigne Cathy, le couple a acheté le Mas du Berger à Eygalières, où ils font d’important travaux. Lorsque le couple se sépare, Cathy acquiert sa propre maison, toujours à Eygalières, au pied des Alpilles, avec un grand terrain. Propriété qu’elle vendra avant sa retraite, pour en acheter une autre, plus près du centre du village. Finalement, à ce jour Cathy aura habité plus de trente ans dans notre village.

Son attachement à Eygalières ne se manifeste pas uniquement par le choix du lieu de son habitation. En 2008, elle est élue conseillère municipale sur la liste de René Fontès. Elle va accomplir deux mandats, mettant à profit ses compétences professionnelles pour s’investir à fond au sein de l’équipe qui pilote la conception et la réalisation de la Salle des sports, superbe investissement largement utilisé par les Eygaliérois et les habitants des communes avoisinantes. Aujourd’hui, sa retraite est active, bien sûr ; elle l’a orientée dans deux directions. D’une part, satisfaisant une envie de longue date, elle travaille à l’hôpital d’Avignon comme bénévole, dans le cadre de l’association des « Blouses roses » : depuis trois ans, elle se rend deux à trois fois par semaine au service pédiatrique où, à côté d’une trentaine d’autres bénévoles, elle s’occupe des enfants, les fait jouer, créant ainsi une ambiance positive et allégeant la charge qui pèse sur les parents et les soignants. Et elle s’est investie dans le Foyer rural d’Eygalières, la plus importante association du village avec près de quatre cents adhérents. Aux côtés de Stéphanie Ellena (voir son portrait dans cette Galerie), elle est vice-présidente. Pour autant, elle ne néglige pas la danse, passion qu’elle a pratiqué toute sa vie, non plus que la course à pied. Et moins encore ses enfants et ses petits-enfants, auxquels elle rend régulièrement visite, au prix de quelques heures d’avion. Plus jeune, elle avait fait de beaux voyages en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord. Aujourd’hui, elle ne connaît plus que deux destinations : le Colorado et la Réunion.

C’est un parcours tout en cohérence que Cathy Albinet a vécu et continue à vivre. Le portage de la Flamme olympique est en quelque sorte la cerise sur le gâteau, mais une très belle cerise, dont elle peut être fière à juste titre.

28 mai 2024